Gobbles OpenBSD RCE

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RĂ©flexion sur la compromission du projet OpenBSD par Gobbles en 2002 : La cybersĂ©curitĂ© hier et aujourd’hui

En 2002, Theo De Raadt, le leader du projet OpenBSD, a Ă©tĂ© victime d’une attaque d’exĂ©cution de code Ă  distance (RCE) par un collectif de hackers connu sous le nom de Gobbles. En utilisant une vulnĂ©rabilitĂ© de dĂ©passement de tampon dans le client IRC IRCIT, version 0.3.1, cet Ă©vĂ©nement, rĂ©vĂ©lĂ© Ă  Defcon 10, a mis en lumière les dĂ©fis complexes de la sĂ©curitĂ© logicielle et les consĂ©quences graves des vulnĂ©rabilitĂ©s.

L’exploit a potentiellement donnĂ© aux attaquants l’accès aux dĂ©pĂ´ts CVS d’OpenSSH, OpenBSD, et des projets associĂ©s, soulignant le besoin critique d’une gestion rapide et efficace des vulnĂ©rabilitĂ©s. Ce cas sert non seulement d’Ă©tude de cas des dangers des vulnĂ©rabilitĂ©s logicielles, mais aussi comme une opportunitĂ© pour une discussion plus large sur la cybersĂ©curitĂ©.

La vulnérabilité dévoilée

Une analyse du code vulnĂ©rable rĂ©vèle le mĂ©canisme d’exploitation, centrĂ© centrĂ© sur le traitement de la commande INVITE dans IRCIT. Les Ă©tapes clĂ©s comprennent la manipulation du champ from, conduisant Ă  un dĂ©bordement de la pile et, potentiellement Ă  l'exĂ©cution d'un code arbitraire. Cette dĂ©faillance technique souligne la nĂ©cessitĂ© d'une revue de code et de processus de validation dans le dĂ©veloppement de logiciels.

DĂ©cortiquons l’extrait de code vulnĂ©rable pour comprendre le mĂ©canisme d’exploitation :

/* src/serverr.c */

STD_IRC_SERVER(sINVITE)                                     // 1
{
 char *n,
      *h,
      *v;

   if (n=splitn(&from), !from)  from="*@*";                 // 2
   if (v=splitw(&rest), ((rest)&&(*rest==':')))  rest++;

   if ((mt_ptr->c_ignore&IG_INVITE)==0)                     // 3
    {
     char s[MAXHOSTLEN];                                    // 4

      FIXIT(from);                                          // 5
      sprintf (s, "%s!%s", n, from);                        // 6

       if (IsSheIgnored(s, IG_INVITE))                      // 7
        {
         return;                                            // 8
        }
    }
   else
    {
     return;  /* global invite-ignore in place */
    }
    
/* str.h */

#define FIXIT(x) \
(*(x)=='~'||*(x)=='+'||*(x)=='-'||*(x)=='^'||*(x)=='=')?((x)++):((x))
  1. Le processus commence par le traitement d’une commande INVITE.
  2. L’attaquant peut contrĂ´ler le champ from, ce qui est crucial pour l’exploit.
  3. Les invitations sont traitĂ©es Ă  moins d’ĂŞtre globalement ignorĂ©es.
  4. Un tampon de pile, de taille MAXHOSTLEN (165 octets), est alloué.
  5. Le macro FIXIT ajuste le pointeur from, ignorant le premier caractère si c’est l’un des suivants : [ ‘~’, ‘+’, ‘-’, ‘^’, ‘=’ ]
  6. Cela conduit à un appel à sprintf, qui peut déborder le tampon s si from est construit correctement.
  7. Le code vĂ©rifie ensuite si l’expĂ©diteur est ignorĂ©, ce qui, dans le cas de cet exploit, n’est pas le cas.
  8. RĂ©ussir Ă  dĂ©border le tampon et Ă  corrompre la pile pourrait conduire Ă  l'exĂ©cution de code arbitraire via un EIP enregistrĂ© corrompu. Pour rappel, il s’agit d’un exploit de 2002, Ă  cette Ă©poque, des adresses codĂ©es en dur pouvaient ĂŞtre utilisĂ©es puisque ASLR n’existait pas encore.

Au-delĂ  de l’exploit : Un appel Ă  une sĂ©curitĂ© globale

Alors que le hack de Gobbles est ancrĂ© dans une vulnĂ©rabilitĂ© technique spĂ©cifique, il incite Ă  une rĂ©flexion plus large sur les pratiques de cybersĂ©curitĂ©. Le discours a tendance Ă  se concentrer fortement sur l’identification et la correction des vulnĂ©rabilitĂ©s. Cependant, cette approche, bien qu’essentielle, n’est qu’une facette d’un dĂ©fi multifacette. Cela pose la question : Le dialogue sur la cybersĂ©curitĂ© est-il trop Ă©troitement concentrĂ© sur les vulnĂ©rabilitĂ©s ?

RemĂ©diation et PrĂ©vention : Élargir l’Horizon

  • Pratiques de DĂ©veloppement Robustes : Mettre l’accent sur le dĂ©veloppement sĂ©curisĂ© dès le dĂ©part peut attĂ©nuer les risques d’introduction de vulnĂ©rabilitĂ©s ou de rĂ©gressions.
  • Cadres de SĂ©curitĂ© ComprĂ©hensifs : Au-delĂ  de la gestion des correctifs, l’adoption de cadres de sĂ©curitĂ© holistiques peut fournir un mĂ©canisme de dĂ©fense plus complet.
  • Éducation et Sensibilisation : Cultiver une culture de sensibilisation Ă  la sĂ©curitĂ© parmi les dĂ©veloppeurs, les administrateurs et les utilisateurs peut significativement amĂ©liorer la rĂ©silience collective.

Aborder les Reverse Shells et les Backdoors :

La discussion ne devrait pas s’arrĂŞter Ă  la prĂ©vention de l’accès non autorisĂ©, mais aussi s’Ă©tendre Ă  la dĂ©tection et la neutralisation des menaces telles que les reverse shells ou les backdoors qui pourraient dĂ©jĂ  ĂŞtre en place. Mettre en Ĺ“uvre des systèmes de surveillance avancĂ©s, la dĂ©tection d’anomalies et des audits rĂ©guliers du système sont des Ă©tapes cruciales dans cette direction.

🚀🔒 Sécurité de la Mémoire : Une Perspective Moderne

Dans le contexte du hack de Gobbles, l’importance de la sĂ©curitĂ© de la mĂ©moire ne peut ĂŞtre sous-estimĂ©e. L’utilisation de langages comme Rust reprĂ©sente un changement significatif vers des pratiques de dĂ©veloppement logiciel plus sĂ»res. Selon un communiquĂ© de presse rĂ©cent de la Maison Blanche, la sĂ©curitĂ© de la mĂ©moire est une prĂ©occupation cruciale, en particulier pour les exigences opĂ©rationnelles dans des domaines tels que les systèmes spatiaux. Rust, Ă©tant sĂ©curisĂ© en mĂ©moire, offre une alternative prometteuse aux langages comme C et C++, qui ne sont pas sĂ©curisĂ©s en mĂ©moire mais ont Ă©tĂ© traditionnellement privilĂ©giĂ©s pour leur performance et leur contrĂ´le.

La Maison Blanche souligne le potentiel de Rust pour amĂ©liorer la sĂ©curitĂ© logicielle Ă  travers la sĂ©curitĂ© de la mĂ©moire, en attente d’une validation et du dĂ©veloppement supplĂ©mentaire de chaĂ®nes d’outils et de ressources Ă©ducatives. Cette perspective renforce la nĂ©cessitĂ© de considĂ©rer non seulement la remĂ©diation immĂ©diate des vulnĂ©rabilitĂ©s, mais aussi l’adoption de langages de programmation et de pratiques qui rĂ©duisent intrinsèquement le risque que de tels problèmes surviennent.

Conclusion

Le hack de Theo De Raadt en 2002 reste un rappel intĂ©ressant des enjeux liĂ©s Ă  la cybersĂ©curitĂ©. Alors que nous naviguons dans le milieu complexe de menaces et de dĂ©fenses, il est impĂ©ratif de favoriser des discussions qui vont au-delĂ  de la simple gestion des vulnĂ©rabilitĂ©s. S’engager dans des conversations plus larges sur la conception sĂ©curisĂ©e, la divulgation Ă©thique et les mesures de sĂ©curitĂ© proactives peut ouvrir la voie Ă  un avenir numĂ©rique plus sĂ»r.

Rejoignez la Discussion : Comment percevez-vous l’Ă©quilibre entre la gestion des vulnĂ©rabilitĂ©s et des stratĂ©gies de cybersĂ©curitĂ© plus larges dans le paysage actuel ? Partagez vos idĂ©es et rejoignez la conversation sur l’avancement des pratiques de cybersĂ©curitĂ©.

RÉFÉRENCES

  1. White House Press Release on Technical Report for Memory Safety in Space Systems
  2. IRCIT 0.3.1
  3. Gobbles Security Advisory - IrcIT v3.1
  4. The PoC
  5. Defcon 10 Gobbles talk

Tags: #Cybersecurity #VulnerabilityManagement #SoftwareSecurity #EthicalDisclosure #OpenBSD #GobblesHack #MemorySafety #RustLang